Lors de la 31e journée, l’AS Monaco a réalisé la pire opération des clubs visant une place en Ligue des Champions. À trois journées de la fin, la dynamique est tout sauf positive et la pérennité du club en C1 n’est pas assurée. De quoi faire monter au créneau les dirigeants monégasques avant une rencontre cruciale contre Saint-Étienne pour que personne ne se repose sur ses lauriers.
Marseille, Lille, Lyon, Nice, Strasbourg,… Tous les prétendants (non classés par ordre alphabétique) à la Ligue des champions ont gagné le week-end dernier. Tous ? Non ! Car un club peuplé d’irréductibles Monégasques résiste encore et toujours aux perspectives grisantes des nuits européennes. Accrochés au Havre (1-1), les Rouge et Blanc ont perdu une place au classement et n’ont plus vraiment leur destin entre leurs mains, car tout gagner jusqu’à la fin de la saison pour finir sur le podium de Ligue 1 risque de ne pas suffire, même si dimanche soir, Lille recevra Marseille.
Alors que se profile un déplacement chez une autre équipe en lutte pour sa survie, Saint-Étienne, le climat autour du club de la Principauté n’est plus au beau fixe, à l’image du temps orageux entrevu sur la Côte d’Azur lors des dernières semaines. Bref, à Monaco, la mer n’est plus d’huile ces temps-ci mais agitée, et il est à craindre que le tumulte des vagues emporte tout. Pour retrouver trace d’une telle secousse, il n’est pas nécessaire de remonter à un âge canonique. C’était il y a deux ans à peine, lorsque l’équipe de Philippe Clement avait terminé hors des places européennes.
On peut espérer que l’ASM n’atteindra pas de telles extrémités et devrait tout de même se qualifier pour une coupe d’Europe. Mais pour en être certain, il faudra que la 7e place devienne directement qualificative pour l’Europe, et pour cela, il faudra un petit coup de pouce du Paris Saint-Germain, qui doit remporter la Coupe de France contre Reims. Toujours mieux que rien, même si la C4 n’intéresse pas beaucoup les dirigeants, pas plus que la C3, en raison de leur manne financière dérisoire comparée à celle de la C1, indispensable au bon fonctionnement du club.
Une mini-crise au club
Sentant la galère arriver, l’état-major de l’ASM a dû prendre sa part pour remobiliser les troupes et rappeler à chacun, telle une idée fixe, que seule la Ligue des champions était envisageable. Comme révélé par le quotidien L’Équipe, Thiago Scuro et Carlos Avina ont organisé une réunion en ce sens. Le grand chef Dmitry Rybolovlev n’est pas tombé à bras raccourcis sur les joueurs mais c’est sa bonne mine remisée au placard qu’il a dû d’intervenir en début de semaine pour faire passer ses messages, pas toujours agréables. Le combat des décideurs monégasques, c’est de remettre tout ce petit monde au travail pour atteindre un objectif présenté comme vital.
Et c’est là que la partie est la plus difficile, avec un vestiaire qui ne semble plus tirer dans le même sens et ne plus avoir les mêmes priorités que ses dirigeants. Alors que le sprint final devrait au contraire souder et concerner tout le monde, encourager à faire profil bas, c’est dans cette dernière ligne droite, cruciale, que les langues se délient et que les intérêts personnels ressortent dans la presse. Certains pensent déjà à leur future destination quand d’autres s’offusquent des rumeurs de transferts tout en craignant pour leur place. Un sentiment de zizanie traverse le Rocher et sans être devin, le scénario catastrophe est possible.
À l’inverse, l’ambiance donne l’impression d’être plus apaisée chez la concurrence. L’OM s’est retiré à Rome jusqu’à la fin de la saison pour fuir la toxicité de l’environnement marseillais et retrouver de la sérénité dans ce qui n’a rien d’une garnison romaine en camp retranché. Lille est discret et fait son bout de chemin. Nice paraissait découragé mais sa victoire au Parc des Princes, en étant la première équipe à faire tomber le PSG en L1, l’a ragaillardi et il a enchaîné sans briller contre Reims ce vendredi (1-0). Autour de Lyon réside toujours un brin d’excentricité mais le groupe rhodanien apparaît mû par le désir de faire la nique à ses concurrents. Quant à Strasbourg, surprise et joie de vivre sont au rendez-vous et le reste n’est que bonus.
Hütter sans ressort
Le combat d’Adi Hütter, le chef du terrain, c’est de trouver une solution tactique face à des équipes en formation tortue dans leur camp mais également de transmettre la flamme à son groupe. Sauf que les formules sont de plus en plus laconiques. Rafraîchissant à son arrivée, il ressemble de plus en plus à un automate en train de réciter les éléments de langage qu’on lui a brièvement fait passer avant de se présenter devant la presse. L’Autrichien ne convainc plus beaucoup et donne même l’impression de ne plus être convaincu lui-même par ce qu’il dit. Les résultats en dents de scie et la morosité qui paraît avoir gagné le groupe participent de l’érosion du discours comme le vent et les embruns sur une majestueuse falaise de calcaire en Armorique.
Difficile, dans ces conditions, de trouver les mots justes pour remettre un groupe à l’endroit. L’Autrichien a déjà traversé des turbulences depuis son arrivée en Principauté, mais cette fois, le mal semble être plus profond, comme c’était le cas avec son prédécesseur usé et dont le discours n’avait plus aucune portée. Les trois dernières rencontres diront beaucoup de ce grand fossé qui se creuse entre un entraîneur et son groupe, devant un combat qui s’avère désormais être davantage celui des chefs que celui des joueurs. Car pour le remporter, la seule potion magique qui fonctionne, c’est la victoire.