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Ménini : « Une génération amoureuse du club »

Cet été, l’AS Monaco a pris une décision majeure pour la formation de ses jeunes joueurs en créant son Groupe Élite et en sortant son équipe réserve des championnats amateurs. De fait, l’équipe III, qui évolue actuellement en Régional 1, est désormais la deuxième équipe officielle du club de la Principauté. Sous la direction de Frédéric Ménini, elle nourrit de grandes ambitions. L’entraîneur des Rouge et Blanc a accordé un entretien à La Diagonale.

C’est désormais la quatrième saison que Frédéric Ménini est à la tête de cette équipe de l’AS Monaco. Il a remplacé Grégory Campi en 2019, après avoir entraîné les U19 DH du club. Une saison couronnée de succès qui lui a valu cette promotion : « J’ai une énorme génération 2000 que j’entraînais déjà en U19 DH et avec laquelle on avait été champions avec 15 points d’avance. Mon arrivée à la tête de cette équipe a coïncidé avec le départ de Grégory Campi et la volonté de garder tous ces jeunes pour faire un peu peau neuve », a-t-il avoué.

Mais à cette époque, la troisième équipe de l’AS Monaco évolue un échelon plus bas que celui actuel, en Régional 2. Avec lui et cette jeune génération, Monaco va monter lors d’une saison perturbée par le Covid : « Greg a essayé de monter pendant 5-6 ans avec les Koller, Meriem, Givet, etc…, a-t-il expliqué. Et nous on a fini champions avec ces jeunes-là et une moyenne d’âge de 18-20 ans. Le championnat avait été arrêté à cause du Covid mais on était premiers de la première à la dernière journée de championnat jouée, on n’a jamais été deuxièmes. »

« Je pense qu’on sera dans le combat final »

Frédéric Ménini, à propos de la montée en N3 cette saison

Derrière, il a été plus compliqué de performer en R1, là aussi avec des perturbations liées à la crise sanitaire et un championnat qui n’a duré que cinq journées. L’an dernier a été une saison normale et l’ASM n’est pas passée loin d’une promotion en National 3 : « On a flirté avec la montée mais on a lâché un peu de lest en fin de saison », a concédé le coach asémiste. La première partie de saison a été mitigée : « Cette saison, on réussit à se redresser après un mauvais départ. »

Un vestiaire heureux après le succès en terres marseillaises contre le SMUC (2-0)

Après 11 matchs disputés, Monaco compte 17 points et pointe en septième position à huit longueurs du leader, Arles, la faute en partie à de nombreuses blessures, liées à des chocs et des coups. Ménini reste optimiste, même s’il sait que les équipes de la deuxième moitié de tableau ne seront jamais loin : « Avec tous les blessés qu’on a cette saison, être là c’est génial. On va les récupérer progressivement entre janvier et février et je pense qu’on sera dans le combat final. Mais il faut vite prendre ses distances avec les équipes de derrière car il y aura beaucoup de descentes. »

Objectif National 3

Si Monaco n’a pas encore trouvé son rythme de croisière en championnat, il y a encore l’espoir d’une promotion en National 3, ce qui constitue le véritable objectif de cette équipe. Pour autant, Frédéric Ménini affirme n’avoir aucune pression de résultat de la part de ses dirigeants : « La pression on se la met nous-mêmes », affirme-t-il. Et il a une grande confiance en ses joueurs : « Cette génération 2000 ne sait pas perdre. C’est une génération amoureuse du club et qui gagne. C’est pour cela qu’on se sent un peu protégés et qu’on sent qu’on peut faire quelque chose. »

But de Nadim Mellah contre Endoume le 6 novembre 2022

Les dirigeants asémistes ont retiré l’équipe réserve des championnats de National 2 et National 3 mais Ménini ne doute pas que le club acceptera cette montée si elle se fait : « On va essayer de mériter cette montée sportivement. Si on n’y arrive pas cette saison, on y arrivera celle d’après. On ne sait pas encore comment va se positionner le club mais je pense qu’ils ne priveront pas des amateurs de leur rêve de jouer en N3 avec Monaco », ajoutant que la différence de budget entre la N3 et la R1 n’était pas « énorme ».

Pour autant, il n’imagine pas qu’une future équipe en National 3 puisse accueillir ponctuellement des joueurs du Groupe Élite : « Je pense que ça reste à part », a-t-il concédé. Cela n’empêche pas de travailler main dans la main avec le centre de formation : « J’ai deux interlocuteurs au club. Sébastien Muet, directeur de l’Academy et David Le Goff, le responsable du recrutement sur la région et l’entraîneur général de la section amateure. Et j’avais une relation de confiance très forte avec Stéphane Nado (entraîneur de la réserve la saison dernière, ndlr). »

Des conditions idéales

Il faut dire que le club de la Principauté met son équipe dans les meilleures dispositions possibles : « On a des conditions de travail exceptionnelles, s’est-il enthousiasmé. J’ai un adjoint, un analyste vidéo, il y a un entraîneur des gardiens, deux préparateurs physiques, un kiné-ostéopathe. C’est un staff complet. » Et il peut aussi compter sur les médecins du centre de formation qui officient dans le tout nouveau bâtiment de La Diagonale, qui jouxte le stade Didier Deschamps de Cap-d’Ail et fait face au stade Louis-II.

S’il n’y a pas, pour lui, meilleur cadre pour un joueur amateur, Ménini voit un domaine dans lequel le club pourrait encore avancer, en s’équipant de GPS, un outil largement répandu dans le football d’aujourd’hui, y compris dans les championnats amateurs : « C’est le dernier outil qu’il nous manque et j’en ai fait la demande. On travaille avec Mycoach pro (une application de datas, ndlr), comme le centre formation, donc avoir des GPS nous apporterait de nombreuses données, d’autant que c’est un championnat où beaucoup d’équipes en sont déjà équipées. »

Ses principes de jeu

L’outil serait en outre très utile puisque le technicien est plutôt exigeant sur les efforts à fournir sur le plan physique. Un aspect du jeu où il a notamment été séduit par le Monaco de Niko Kovac : « Le pressing hyper agressif à la perte du ballon. Les joueurs adverses étaient asphyxiés. C’est vraiment ce que je retenais de Kovac. On joue dans un système en 3-5-2, notre pressing part des deux attaquants et des deux joueurs de côtés. »

Mais la verticalité des transitions, comme on peut le voir avec Philippe Clement notamment, n’est jamais loin : « Je suis pour faire mal à l’adversaire. On peut très bien à avoir le ballon, mais il faut chercher rapidement le déséquilibre. Quand il faut garder le ballon parce qu’on doit récupérer, on le garde, mais mon but c’est de faire mal à l’adversaire le plus vite possible. J’essaie de prôner un football juste. »

Récupération haute et sanction immédiate avec le but de Bekkhan Aboukaiev contre Endoume

À ce titre, il reconnaît aussi devoir parfois lutter avec son équipe qui aime avoir la possession et il ne veut pas que celle-ci soit outrancière et stérile : « Les joueurs pensent au Barça de Guardiola mais une équipe comme celle-là, il y en a peu. Nous, ça nous limite, parce que les adversaires sont dans leurs 30 mètres et il faut avoir les joueurs pour faire la différence dans cette zone du terrain. Et si toi tu es haut, tu as 70 mètres dans ton dos. Et là, il n’y a pas besoin d’être un grand technicien pour prendre l’espace. »

Monaco compte toujours des joueurs d’expérience

Si l’équipe du Rocher compte de très jeunes éléments, elle possède aussi dans ses rangs des joueurs d’expérience et d’anciens professionnels, comme Massamba Sambou, mais en s’étant assuré de sa motivation au préalable : « C’est ce qu’on aimerait et c’est ce qu’on a fait avec Massamba Sambou. À partir du moment où l’aide extérieure apporte à mes jeunes, je suis pour. Mais après on ne prend pas n’importe qui. ll ne faut pas faire venir un touriste, il faut trouver la bonne personne. Dans le cas de Mass’ (Sambou), c’est lui qui m’a contacté, on s’est rencontrés et il m’a démontré toute sa détermination. »

Massamba Sambou attend son heure

Cet été, Massamba Sambou est revenu à ses premières amours, en prenant une licence amateur au sein de son club formateur. Blessé, il a cependant dû différer ses débuts : « À son arrivée, il avait besoin de retrouver une meilleure forme athlétique et on lui a fait faire un travail spécifique. Mais en août, il s’est déchiré le mollet. Et ça retarde un peu tout. »

Cela ne diminue pas l’enthousiasme du défenseur central qui avait disputé 17 rencontres en pro avec l’ASM entre 2006 et 2008 : « Il vient assez régulièrement, il prend tout le temps des nouvelles, il est énormément impliqué. »

Le début d’année 2023 pourrait donc marquer le retour du Sénégalais sur les pelouses.

Récemment, l’équipe réserve a enregistré le renfort de Tafsir Chérif, ancien pensionnaire du centre de formation (2014-2017). Une expérience bienvenue pour aider les Asémistes dans les contextes tendus : « Tous nos matchs sont plus difficiles. De partout où l’on va, on a toujours ce surnom : « Les princesses ». On dirait qu’ils s’appellent par téléphone… Et ce n’est pas facile car ils mettent une pression terrible sur les arbitres et sur nous. Parfois, certains joueurs peuvent avoir de l’appréhension, surtout avec un groupe aussi jeune. Il faut rester calme et ne pas avoir peur… »

Ménini doit donc faire de la gestion avec son groupe et il explique procéder différemment depuis qu’il est à la tête de la R1 : « J’ai été très strict en U19, car dans ma tête je restais éducateur. Quand je suis passé chez les séniors, j’en ai profité pour communiquer davantage et être plus accessible. Et je me suis rendu compte que certains ont essayé d’en profiter. Donc mon comportement va dépendre des joueurs. Certains sont plus mûrs et on peut être plus malléable avec eux tandis qu’à d’autres on ne peut pas laisser le moindre centimètre. »

Il ne cache pas une certaine connivence avec la rigueur de David Bechkoura, qui a entraîné l’équipe réserve de 2017 à 2021 : « J’adorais Bechkoura et j’avais une super relation avec lui. Quand il me faisait descendre des joueurs de la réserve, il me disait de ne pas hésiter à les sortir s’ils n’étaient pas bons. Il était très strict et maintenant dans le football ça ne passe pas alors qu’à mon sens, il avait raison. »  

Le cas Mayverick Compper

Il y a quelques temps, le club de l’US Lège-Cap-Ferret avait officiellement annoncé la signature de Mayverick Compper en Principauté. Une annonce quelque peu trompeuse et qui laissait penser que le défenseur central avait signé un contrat professionnel. En réalité, c’est le groupe de Frédéric Ménini qu’il a rejoint après avoir fait ses classes aux Girondins de Bordeaux, notamment sous les ordres d’un ancien asémiste : « C’est Jaroslav Plasil qui me l’a conseillé, c’était son entraîneur en U17 nationaux », a expliqué Ménini, qui confie avoir noué des liens forts avec l’ancien international tchèque.

Mais si Compper a signé à l’ASM, c’est avant tout pour des raisons personnelles, en l’occurrence une volonté de changer de cadre de vie et de rejoindre la Côte d’Azur. Pour Ménini, il s’agit d’une condition sine qua none pour s’engager avec l’ASM, et cela pour une bonne raison : « Il signe chez nous avant tout parce qu’il vient pour habiter ici. Il y aurait trop de risques de faire venir un joueur de loin parce qu’aucun joueur ne reçoit de salaire fixe. On fonctionne uniquement à la prime et on est un des seuls clubs en R1 à fonctionner ainsi. Il faut qu’ils aient un vrai projet de vie. Si c’est que pour le football, c’est non. »

L’ASM chevillée au corps

Frédéric Ménini est avant tout un amoureux de l’AS Monaco : « Depuis que je suis né, je suis supporter de Monaco. À mon anniversaire, mon grand-père m’offrait l’abonnement en tribune « première » parce qu’il fallait que je voie parfaitement tous les matchs. Pour moi c’est une fierté d’entraîner Monaco, surtout qu’on nous met dans les meilleures conditions. »

Une fierté qui transparaît dans son discours et qu’il veut absolument inculquer à ses joueurs : « Je leur montre l’histoire du club, il faut qu’ils représentent le maillot. J’ai un joueur qui a pris un carton rouge sur un mauvais geste il y a quelques semaines, je lui ai fait la leçon et il a pris une sanction financière en plus. On fait vraiment attention à ça. »

Et il lui arrive parfois de partager des moments comme un fervent supporter avec certains de ses hommes : « On a fait le déplacement à Eindhoven l’an dernier (en Ligue Europa, ndlr), notamment parce que j’ai entraîné pendant longtemps Olivier Boscagli, qui joue au PSV, et que son frère Maxime se trouve dans notre effectif. On y est allés avec 2-3 joueurs (voir photo ci-dessous) et on a passé trois jours là-bas. »

La délégation monégasque à Eindhoven en octobre 2021
De gauche à droite : Fred Stuerga (adjoint), Hugo Torregrossa, Bekkhan Aboukaiev, Frédéric Ménini (coach), Mohamed Graa. Accroupi : Hugo Dos Santos.

Aboukaiev, buteur-supporter

Les déplacements se font souvent avec Bekkhan Aboukaiev, qui partage une égale passion à celle de son coach pour le club asémiste : « Lui, quand Diop a marqué dans les arrêts de jeu (le but de la victoire à Eindhoven, ndlr), il s’est levé et il s’est pris des verres de bière sur lui, raconte Ménini, hilare. C’est un dingue de Monaco, il va voir tous les matchs. Il représente complètement le projet. » 

Si Frédéric Ménini essaie d’aller au stade encourager l’équipe professionnelle autant que possible, il aimerait bien voir quelques ultras de l’ASM garnir les travées du stade du Prince Héréditaire Jacques à Beausoleil pour réchauffer l’ambiance autour des matchs de son équipe : « Je lance un appel aux ultras pour le match contre l’AS Maximoise (le 5 février, 15h). Il sont bien classés et c’est un gros match pour nous. ». À bon entendeur.

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