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Mitchell : « Nous avions perdu de vue notre stratégie »

Le Directeur sportif de l’AS Monaco, Paul Mitchell, a longuement évoqué la stratégie sportive mise en place et le processus pour développer la formation dans un entretien accordé à getfootballnewsfrance.com. Il a notamment rappelé ce pourquoi il avait été engagé : « Je pense que lorsque nous sommes arrivés il y a deux ans et demi, il était évident que nous avions un peu perdu de vue notre stratégie. L’un des éléments qui en a souffert le plus était notre Academy. Il n’y avait pas autant de joueurs qui passaient de l’Academy à l’équipe première. (…) A partir d’une stratégie qui s’était un peu perdue, vous recalibrez, vous appliquez des principes de performance et de clarté pour développer des talents comme Monaco l’a toujours historiquement fait, et vous faites passer ce joueur du statut de remplaçant à celui de joueur d’un des plus grands clubs du monde. »

Pour l’Anglais, deux objectifs sont en tension dans cette stratégie. La nécessité d’obtenir des résultats, synonyme de réussite du modèle, mais aussi de développer des jeunes joueurs afin de les vendre et d’assurer un modèle économique pérenne : « Ce n’est pas facile. Nous avons ces deux objectifs en équilibre ici : nous devons gagner mais nous avons aussi cet autre objectif majeur qui est de développer de jeunes joueurs. (…) Une chose que l’on apprend en faisant cela depuis longtemps et en développant des joueurs grâce à cette stratégie, c’est que parfois les mauvais matchs, les mauvaises décisions et les erreurs, aident le joueur à apprendre plus efficacement et plus rapidement que les grands matchs qu’il fait. Vous devez comprendre que c’est notre modèle, notre stratégie, et créer un effet d’équilibre lorsque nous mesurons nos résultats par rapport à nos objectifs. »

Monaco a vendu Badiashile à Chelsea cet hiver et le marché de la Premier League est un marché privilégié pour l’ASM. Paul Mitchell ne se cache d’essayer de trouver et développer des joueurs adaptés au championnat le plus riche au monde : « Nous avons un contingent anglais, tout en étant très équilibré avec quelques grands spécialistes français. Nous avons donc une compréhension et une connaissance approfondie de la Premier League, de ce que nous regardions pour signer et établir un profil qui peut réussir. Nous nous en servons comme modèle lorsque nous recrutons ou lorsque nous développons nos joueurs du centre de formation, car la Premier League reste incontestablement le plus grand championnat du monde ; c’est certainement celui qui dépense le plus d’argent chaque année sur le marché des transferts. Il est prudent, pour tout modèle économique qui se veut durable, de créer des profils qui peuvent être analysés et repérés par les plus grands clubs de Premier League. »

Savoir communiquer sur la stratégie sportive

L’ancien directeur sportif de Red Bull admet qu’il est essentiel de bien communiquer pour que la stratégie ne créée pas d’incompréhensions : « Il y a des moments où l’on sort de notre cycle de performance avec des joueurs comme Aurélien (Tchouaméni) et Benoît (Badiashile), qui mûrissent et vous permettent de gagner des matchs. Lorsque ces joueurs partent, vous les remplacez naturellement, dans une stratégie comme celle-ci, et vous retournez dans un cycle de développement avec un Ben Seghir. Cela fait partie de mon travail, du travail des propriétaires lorsque nous créons ces stratégies, de créer également une compréhension et, d’une certaine manière, une adhésion. C’est une question de communication. »

Mitchell reconnaît que la tâche n’est pas aisée et qu’elle peut surtout sembler contradictoire : « Ce n’est pas toujours facile. Nous sommes tous ambitieux, et nous aimons tous gagner, mais nous avons pris une décision très consciente, il y a deux ans et demi, pour que l’Academy redevienne la pièce maîtresse de cette organisation, qu’elle développe des joueurs ayant les capacités et les aptitudes nécessaires (…) pour qu’ils atteignent le niveau qui leur permettra de jouer dans certains des plus grands clubs du monde. » Et le directeur sportif monégasque pense que l’avenir sera riche en talents à l’ASM : « Ce qui est satisfaisant après cette période, c’est que nous atteignons ces objectifs : 13 débutants de l’Academy au cours des deux dernières années et demie, nous avons un groupe de talents vraiment passionnant ».

Si l’ASM ne peut uniquement reposer sur son vivier de joueurs, elle doit aussi recruter hors de celui-ci. Mais elle le fait en essayant de ne pas entraver le développement des jeunes de son Academy : « Pour nous, ici à l’AS Monaco, nous devons nous assurer de la valeur de la planification à court, moyen et long terme. (…) L’idée a toujours été de stimuler la performance et la compétition. Chaque joueur que nous signons ou développons est convaincu qu’il peut devenir un joueur du onze de départ, car même s’il ne le devient pas, c’est parce qu’un autre joueur a réussi. Cela crée une émulation. Nous regardons les joueurs que nous signons : peuvent-ils être des meneurs, peuvent-ils montrer aux jeunes joueurs issus de l’académie ce qu’il faut faire pour être un joueur de l’équipe première, tout en ne mettant pas de plafond au développement de ces jeunes joueurs talentueux. »

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