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L’action clé d’Ajaccio-Monaco : des phases arrêtées qui marchent

Face à l’AC Ajaccio dimanche dernier, l’AS Monaco n’a pas réalisé une grande partie. Pas vraiment inspirée offensivement face à un bloc adverse bas, elle s’en est remis aux coups de pied arrêtés pour faire sauter le verrou corse. Une solution qui a régulièrement tiré l’ASM de situations peu confortables cette saison, que ce soit en Ligue 1 ou en Europe. Contre Ajaccio, le but de Wissam Ben Yedder a été la cinquième réalisation sur coup franc indirect de la saison en championnat, un total qu’aucune autre équipe n’égale en France.

C’est peu de dire que l’AS Monaco soigne ses coups de pieds arrêtés offensifs. Son entraîneur Philippe Clement insiste régulièrement à ce sujet et sur la progression dans ce domaine depuis son arrivée, comme en septembre dernier : « C’est une de nos armes fatales. L’an passé, c’était une faiblesse de notre équipe. On n’a marqué que deux buts sur corner sur toute la saison. Les jeux de tête d’Axel (Disasi) et Benoit (Badiashile) n’étaient pas bons, les lancers de Caio Henrique et Golovin non plus. On travaille ça très fort. »

Une optimisation qui tient à plusieurs aspects dont le premier concerne le tireur et sa fiabilité à trouver la bonne zone. À la baguette, c’est Caio Henrique qui s’y est collé dimanche dernier, cette fois sans son acolyte Aleksandr Golovin, absent pour cause de gêne à un adducteur. Cela n’a pas perturbé le Brésilien, qui a trouvé dans son homologue du côté droit, Vanderson, un nouveau partenaire avec qui faire la paire, notamment pour ce qui est des combinaisons. Une valse à trois temps devenue un grand classique des combinaisons asémistes. Caio s’élance, puis s’arrête et c’est au tour de Vanderson de répéter la manœuvre. Enfin, à la troisième c’est la bonne et Caio frappe le ballon.

Un étrange ballet dont on se demande bien l’utilité, surtout si l’on reprend la formule que l’on peut lire dans l’ouvrage collectif Comment regarder un match de foot ?, qui décrit un autre modus operandi mais qui est facilement transposable à l’exemple monégasque : « Demander à trois joueurs de sauter par-dessus le ballon sur un coup franc indirect, avant que le passeur ne décale un joueur derrière lui et non devant, ce n’est intéressant que si le coup franc est dangereux au final. »

La combinaison recherche un premier but, celui de faire partir plus tôt la défense en zone ajaccienne, qui ne pratique pas le marquage individuel, et la faire reculer vers son but au moyen de deux feintes de frappe. On peut estimer que l’ASM a gagné environ trois bons mètres rien que sur cette combinaison, ce qui n’est pas totalement anodin. Ici, ce sont El Idrissy et Vidal qui reculent trop tôt alors qu’ils étaient initialement bien alignés avec le reste de leurs coéquipiers, permettant à Fofana et Maripan de gagner quelques mètres.

Et en l’occurrence, la zone parfaite sera trouvée par Caio Henrique, à savoir entre le point de pénalty et les six mètres. L’autre aspect permettant d’optimiser les coups de pied arrêtés consiste à trouver les meilleurs joueurs de tête, et c’est le cas avec Guillermo Maripan, qui avait confié il y a quelques semaines avoir beaucoup travaillé sur ces phases arrêtées : « Je travaille beaucoup sur le positionnement et le timing depuis trois ou quatre ans. » Le Chilien a donné une nouvelle preuve de ses indéniables qualités sur cet aspect, même s’il voit sa tâche facilitée par la défense en zone mal exécutée des Ajacciens qui le laissent seul.

Le mauvais positionnement des défenseurs ajacciens avait été justement regretté par l’entraîneur ajaccien Olivier Pantaloni en fin de match au micro de Prime Video : « Cela a été relevé par Thierry Debes, qui est chargé des coups de pieds arrêtés. C’est travaillé régulièrement à chaque veille de match sur les oppositions et on n’a pas respecté ce que l’on met en place. » Mais c’est encore pire lorsque l’on regarder la suite de l’action.

Mounaïm El Idrissy, l’attaquant de l’ACA, est l’un des premiers à reculer, comme on l’a signalé plus haut, mais sa course se fait en diagonale et il va se retrouver avec Bayala et Vidal au même endroit. Et il bloque sa position face au ballon au moment où celui-ci arrive dans la zone, mais finalement mal placé, il ne peut que le regarder passer devant lui. Trois joueurs ajacciens qui lâchent les marquages et se retrouvent à « protéger » la même zone constitue une erreur et donne de l’espace à trois adversaires, Embolo, Fofana et Ben Yedder. Le dernier sera celui qui en profitera, en véritable renard des surfaces.

Si la tête de Maripan constitue une véritable occasion de but à elle seule, il faut saluer l’incroyable arrêt réflexe réalisé par le portier Ajaccien Benjamin Leroy, qui doit à la fois gérer la distance de la tête et le rebond du ballon. Malheureusement pour lui, son dégagement sur le côté sera repris par Ben Yedder, qui avait parfaitement senti le coup et n’a jamais arrêté sa course, même si celle-ci a connu des temps de variation pour s’adapter au déroulement de l’action. Sitôt qu’il voit le ballon renvoyé par le gardien, Ben Yedder accélère sur une courte distance afin d’être certain d’arriver le premier sur le ballon.

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