« C’est une belle entrée en matière, un très gros premier adversaire. On va pouvoir rapidement prendre la température de cette Ligue 1 ou plutôt du haut tableau. » C’est par ces mots qui Didier Digard, l’entraîneur du Havre, a entamé sa conférence de reprise. Pour le club doyen du football français, la première journée contre l’AS Monaco ne sera pas une sinécure, loin de là. Elle pose surtout un premier constat, implacable sur le papier, dans le rapport de force entre les deux équipes. Tandis que le club normand va devoir batailler avec ses maigres moyens pour le maintien, l’AS Monaco affiche son ambition et s’affirme encore un peu plus dans cette position de gros du championnat. Et ce n’est pas le mercato estival qui dira le contraire car pour cette fois, l’ASM a fait dans le clinquant.
Habituée des jolis coups et des pépites à façonner, le club de la Principauté a opéré un virage à 180 degrés pour s’offrir plusieurs (très) gros noms du football. Le premier qui vient en tête est forcément celui de Paul Pogba. Bien sûr, la situation du champion du monde 2018 n’a rien de rose et il faudra être très patient pour le voir de retour sur un terrain, en espérant le revoir évoluer à un bon niveau. Mais l’aura du joueur de 32 ans, son expérience et ses succès en carrière, sont déjà autant d’atouts pour le jeune groupe monégasque. Avec Lukas Hradecky et Eric Dier, respectivement 35 et 31 ans, Monaco mise aussi bien sur l’expérience du haut niveau que sur la maturité de ses nouvelles recrues pour franchir un palier.
Combler l’écart avec Paris
Car c’est aussi ce qui faisait défaut au juvénile effectif rouge et blanc, qui avait débuté la saison dernière sans le moindre trentenaire dans son effectif – Minamino a soufflé ses 30 bougies en janvier dernier – et les dirigeants et staff monégasques espèrent que cela suffira à insuffler cette maturité. Pour Thiago Scuro, notamment, les arrivées de trois joueurs de plus de trente ans constituent la continuité logique de son projet entamé il y a deux étés. Le Brésilien avait annoncé la couleur au moment de faire le bilan de l’exercice précédent et promis d’implémenter davantage d’expérience dans le vestiaire. Il a tenu parole et il reste désormais à voir sur le terrain si cette nouvelle formule peut apporter du succès à l’ASM.
Une première lecture des effectifs permet de voir un Monaco a priori renforcé par rapport à la saison dernière, comme le Paris Saint-Germain ou l’Olympique de Marseille. Tout le contraire de Nice, Lille et Lyon, qui ont lutté pour la Ligue des champions et le podium jusqu’à l’avant-dernière journée de championnat. Mais pour Monaco, il faudra prêter attention aux mouvements des 15 prochains jours. Une opération dégraissage sera menée et il faut surtout espérer qu’elle ne concerne pas Maghnes Akliouche, principal atout offensif de cette équipe, ou Vanderson, Scuro a affirmé qu’il espérait garder le premier dans l’équipe (qui ne le voudrait pas ?) mais la réalité du marché pourrait vite rattraper l’ancien dirigeant de Bragantino.
Dans l’état actuel des choses, Monaco continuera de viser le podium et une qualification en C1 pour assurer sa pérennité financière. Le titre ? « J’y crois », a répondu Scuro. Doit-on le croire ? Comme à chaque fois ou presque, cela dépendra de Paris, archi-favori de cette saison. L’heure sera d’abord à réduire l’écart, abyssal entre les deux clubs (23 points l’an dernier) : « Nous voulons avoir du succès et réduire l’écart avec Paris, a expliqué Adi Hütter, en écho à des déclarations similaires de Thilo Kehrer. Nous n’avons pas réussi à les battre une seule fois l’an dernier ce qui est dommage. C’est aussi une belle motivation pour nous de les battre en match. » Ce ne sera pas pour tout de suite. D’abord, il y a une première journée, et bien d’autres ensuite, à négocier.
