Alors que le Championnat de France n’en est qu’à sa 8e journée, l’AS Monaco a déjà opéré un changement fondamental au sein de son organisation, avec le remplacement d’Adi Hütter par Sébastien Pocognoli.
Il serait tentant de ressortir le vieil adage qui dit que gouverner, c’est prévoir. Pour bon nombre d’observateurs, la fin de cycle avec Adi Hütter n’avait rien d’une surprise. Elle était prévisible et l’essoufflement avec lequel l’Autrichien a terminé son mandat se faisait déjà sentir en fin de saison dernière. Il aurait sans doute été délicat de mettre à pied, cet été, un technicien qui avait rempli les objectifs, à savoir terminer sur le podium et retourner en Ligue des champions, mais les retours remontant du vestiaire monégasque, à base de relations distendues voire coupées avec certains éléments, étaient forcément des signaux négatifs qu’il aurait fallu prendre en compte bien plus tôt. Ceux-ci se sont traduits dans les résultats inconstants, aussi bien quand Monaco a pris le bouillon à Bruges (4-1, le 18 septembre) et à Lorient (1-3, le 27 septembre) que lorsqu’il a arraché un nul miraculeux contre Manchester City (2-2, le 1er octobre), et surtout dans la manière de jouer totalement éteinte.
C’est donc finalement l’incapacité d’Hütter à fédérer son groupe qui lui a coûté sa place à la tête de l’équipe et le changement d’entraîneur a été rapidement opéré par les dirigeants de l’ASM durant la trêve internationale. Une information relayée par la presse indiquait que c’était le président Dmitry Rybolovlev qui avait pris les choses en main dans ce dossier, ce qui ne paraît pas être un bon signal à l’encontre du directeur général Thiago Scuro, probablement quelque peu désavoué après avoir soutenu mordicus son entraîneur et après l’avoir prolongé en janvier dernier. Mais ces considérations devront être approfondies à un autre moment. Car même s’il n’y a pas péril en la demeure, si l’ASM ne semble pas à proprement parler en crise, Scuro ayant même indiqué que la saison et les objectifs étaient encore sous contrôle, le temps joue contre le nouvel arrivant, Sébastien Pocognoli.
Le Belge de 38 ans arrive du plat pays auréolé de deux titres nationaux avec l’Union Saint-Gilloise (un Championnat et une Supercoupe) en une seule année passée sur un banc au plus haut niveau. Il n’a surtout eu que quelques jours pour prendre en main ses troupes, ou plutôt ce qu’il en reste entre l’infirmerie toujours bien pleine et les retours de sélection, afin de leur transmettre ses principes de façon expresse. Car le moment ne se prête pas vraiment aux expérimentations d’apprenti sorcier, avec trois matches en une semaine, et ramener trois points d’Angers sera nécessaire, pour valider la bonne énergie ressentie par Pocognoli depuis ses débuts, et « accélérer le processus ». Il faudra ensuite se projeter sur Tottenham en Ligue des champions, où les enjeux seront élevés.
C’est donc dans un certain inconfort que l’ère Pocognoli s’ouvre, mais celui-ci n’a finalement rien d’inhabituel dans le monde du football, où les entraîneurs sont amenés à changer régulièrement de poste et à faire leurs valises en cours de saison. Lui pense pouvoir s’y faire et a déjà quelques idées pour relancer la machine monégasque, grippée depuis cinq rencontres, avec une seule victoire. « J’essaie de mettre un cadre en fonction de ma philosophie, afin qu’elle colle avec les qualités des joueurs. Le but est de leur donner un plan précis, même si nous n’avons pas beaucoup de temps pour travailler cette semaine. Je m’attends à ce qu’on puisse déjà voir cela à Angers, surtout en termes de structure avec et sans ballon ». Le transfuge de l’Union sait que tout ne pourra pas être parfait sur cette première sortie, mais un succès sera déjà un bon début.