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L’action clé de Monaco-Nice : du manque de solutions à l’erreur individuelle

Face à Nice, Monaco a subi une véritable déroute (0-3). Pour autant, le score ne reflète pas vraiment la physionomie de la rencontre. Les Niçois se sont montrés ultra réalistes en première période et ont parfaitement exploité la défense haute monégasque, dont la position moyenne se situait au niveau de la ligne médiane. Mais il est vrai aussi que l’ASM a eu toutes les peines du monde à porter le danger sur la cage adverse. Le second but résume bien ces deux aspects du match. Décryptage.

Monaco vient d’obtenir un coup franc suite à une faute de Moffi sur Disasi dans un duel mais ne sait pas quoi faire, car le bloc niçois ferme les circuits de passe et les Monégasques ne sont pas assez tranchants pour créer du mouvement et déstabiliser les lignes adverses. L’ASM fait tourner, jusqu’à ce que le ballon parvienne à Diatta, exilé sur la ligne de touche. Thuram et Amraoui font face à Diatta pour l’empêcher de jouer vers l’avant. Mais ni Fofana ni Embolo ne tentent un appel dans le dos d’Amraoui qui pourrait ouvrir des brèches et écarter les joueurs niçois.
Le manque de mouvement va obliger le Sénégalais à repasser derrière et jouer avec Matsima qui remet à Disasi, au niveau de la ligne médiane. Malang Sarr lève le bras pour proposer le changement de côté. Un changement qui devrait obligatoirement passer par lui avant de toucher Jakobs, car Lotomba n’est pas loin et pourrait intervenir si Disasi se décidait à tenter une longue passe.
Disasi décide finalement d’avancer balle au pied, estimant probablement que porter le ballon mettrait un peu de vie dans le jeu monégasque. La solution Jakobs devient trop difficile à tenter, même si celui-ci a utilisé la largeur au maximum et s’est écarté de Lotomba, et le relais de Sarr, qui est désormais plus bas, n’est plus envisagé.
Après avoir dépassé le rond central, Disasi tente une passe compliquée vers Fofana, qui par son appel, donne une petite solution. Problème : Fofana se rend dans une zone où il va très rapidement se retrouver enfermé et n’aura pas beaucoup plus de solutions par la suite.
Conscient d’être dans une zone très dense, Fofana n’a que très peu de temps pour jouer. Le collectif niçois, par son pressing sur le porteur de balle, force l’erreur technique de Fofana à plus d’un titre. En l’obligeant à jouer et vite et en limitant ses solutions. Ben Seghir est le joueur le plus proche de lui mais il est déjà dans la nasse. D’autant que ce dernier amorce déjà un mouvement de recul pour en sortir que Fofana n’a pas pu anticiper, rendant la perte de balle inévitable.
Youssuf Ndayishimié a bien compris que la seule solution pour Fofana était Ben Seghir et a anticipé la passe. Sa récupération est facilitée par la mésentente entre les deux joueurs monégasques. Sans contrôler, il ouvre immédiatement le jeu vers Thuram, libre. Moffi a déjà senti la possibilité de contre et va commencer son appel dans la profondeur, profitant d’un Disasi trop avancé et d’un Matsima relativement loin.
Le temps que le ballon arrive à ses pieds, Thuram jette un rapide coup d’œil et voit la projection de Moffi. Camara essaie de gêner la passe de l’ancien Asémiste mais est trop loin de lui. Disasi se déplace d’abord un peu trop sur la largeur afin de resserrer l’axe, sans prendre conscience de l’appel de l’attaquant niçois, puisqu’il garde les yeux sur le ballon. À l’inverse, Matsima a plutôt bien lu l’action et comprend le danger avant que Thuram n’ait fait sa passe. Il resserre lui aussi l’axe et se trouve à la même hauteur que Moffi. Mais son démarrage est trop lent et il est battu à la course.

Nübel pouvait-il sortir et récupérer le ballon avant Moffi ?

Pendant le commentaire du match sur Prime Video, David Astorga, le journaliste de bord terrain, soulève la question d’une potentielle sortie d’Alexander Nübel pour annihiler le contre niçois : « Nübel n’avait pas le temps, à un moment, de sortir ? Vu d’ici, j’ai eu le sentiment qu’à un moment il avait une possibilité mais qu’il a préféré reculer », relate-t-il. Difficile à dire, car aucune image ne montre le positionnement exact de Nübel au départ de l’action.

Suite à la passe en profondeur de Thuram, le ballon rebondit une première fois à environ 35 mètres des cages et il faut encore compter une dizaine de mètres pour voir Moffi en prendre possession, avec un contrôle au niveau de la cuisse. C’est la première fois que l’on voit Alexander Nübel apparaître à l’écran. Son pied gauche est au niveau de la ligne qui marque l’entrée de la surface de réparation mais le pied droit et sa posture indique qu’il est déjà sur le reculoir. Entre le point où Moffi contrôle le ballon et le frappe, il y a encore une dizaine de mètres.
Par le fait d’avoir reculé jusque derrière le point de pénalty (11 mètres), Nübel a montré son intention de ne pas sortir à la rencontre de l’attaquant niçois. Matsima profite du contrôle de Moffi pour reprendre du terrain sur lui, mais la protection de balle et la qualité athlétique de ce dernier l’empêche d’intervenir.

La question de l’intervention de Nübel se pose effectivement, car dans la mesure où le gardien monégasque se trouve au moins à l’entrée de la surface, il aurait sans doute pu parcourir la distance qui le sépare de l’endroit ou Moffi contrôle le cuir pour la première fois mais la sortie est risquée et surtout loin de son but. Et elle doit se faire instinctivement. Laisser la place au doute sur ce genre d’action, c’est déjà se mettre en retard sur son intervention.

Ce qui peut davantage poser question sur le placement de Nübel, c’est surtout sa façon de reculer et d’attendre au point de pénalty. Rester plus haut dans la surface, surtout lorsque l’on voit la zone où Moffi frappe son ballon, aurait peut-être été plus judicieux et aurait laissé moins de temps et d’angle à Moffi pour ajuster son tir.

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