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Comment Monaco a empêché le PSG de jouer

Si l’ASM n’a pas réussi à s’imposer vendredi dernier face au Paris Saint-Germain (0-0), ce n’est pas parce qu’elle n’a pas réussi à se procurer d’occasions. Si elle a en revanche réussi à ne pas concéder le moindre but, obtenant ainsi son sixième clean sheet de la saison, c’est en partie grâce à un pressing qui a empêché le PSG de développer son jeu.

Le plan prévu par Adi Hütter lors de cette rencontre n’avait rien de très surprenant. Pour les suiveurs du club, le technicien autrichien avait exposé clairement son idée première avant de jouer le leader du championnat : « Nous devrons défendre en équipe, car défendre en un contre un face à ce genre d’équipe sur 90 minutes, c’est très compliqué. (…) Il faudra trouver un mix et trouver le bon moment pour déclencher le pressing. Ce sera notre objectif dans ce match, et un point de notre plan de jeu. Mais nous aimons défendre haut. »

L’idée première d’Adi Hütter a donc été d’installer un pressing étouffant pour gêner la relance parisienne. Mais celui-ci avait bien conscience qu’il ne pouvait pas être constant sur la durée d’un match. Les Rouge et Blanc ont cependant réussi pendant une bonne heure de jeu à jouer haut dans le camp adverse et laissé Paris loin de son but, avant de lâcher progressivement la bride et reculer. Monaco, grâce également à quelques interventions salutaires de Radoslaw Majecki, a ensuite pu tenir le point du nul et garder sa cage inviolée.

4-4-2 contre 4-3-3

Habitué à évoluer avec une défense à trois, le coach monégasque a étonné avec une équipe disposée en 4-4-2 à plat. Ce n’est pas la première fois qu’il joue avec une ligne défensive de quatre (Lille, Montpellier, Nice, Toulouse). Contre Lens, la semaine qui a précédé le match face au PSG, il avait proposé un système un peu plus hybride, oscillant entre le 4-3-1-2 et le 3-4-1-2, selon la position de Takumi Minamino sur le côté droit. Avec les absences de Denis Zakaria, suspendu, et Mohamed Camara, blessé, Hütter a replacé Aleksandr Golovin dans le cœur du jeu, au côté de Youssouf Fofana.

C’est donc un système très classique que le technicien monégasque a choisi d’opposer au 4-3-3 parisien. Avec ce 4-4-2, l’équipe asémiste a pu quadriller le terrain de façon optimale et proposer un bloc défensif compact. « Il favorise l’équilibre de l’équipe et permet une transition très rapide entre la phase défensive et offensive », disait Christian Gourcuff en 2009. Un équilibre que les Monégasques ont souvent eu du mal à trouver cette saison, portés par les idées très offensives de son entraîneur.

Éloigner Paris de sa surface

En première période, Monaco a réussi à faire ce qu’aucune autre équipe n’a accompli en Ligue 1 depuis de nombreuses années. D’après Opta, le Paris SG n’a touché que trois ballons dans la surface adverse en première période, son plus faible total après 45 minutes d’un match de Ligue 1 depuis 2016. Les Parisiens se sont rattrapés en seconde période, mais le chiffre est parlant. Le pressing mis en place par l’ASM n’a pas réduit à néant les offensives parisiennes, qui ont existé (21e, 23e, 27e), mais elle les a fortement limitées, obligeant souvent les attaquants du club de la Capitale à tenter de loin.

Grâce à leur pressing haut, les Monégasques ont repoussé Paris dans son camp. Face à une équipe qui aime repartir proprement de l’arrière et chercher des relances courtes, Monaco a ciblé certaines zones du terrain et cherché à isoler le porteur dans les couloirs.

Les joueurs de la Principauté ont forcé 72 pertes de balle parisiennes en première période, soit plus que lors du second acte, grâce en partie à une intensité et une agressivité à laquelle le PSG a eu du mal à répondre. Ces derniers se sont montrés parfois trop faciles dans l’entrejeu, à l’image de Manuel Ugarte qui prend son temps alors qu’il est pressé et qui perdra le ballon, amenant la première banderille pour Balogun (5e). Il faudra quelques minutes à Paris pour se mettre au niveau d’intensité proposé par l’ASM et répondre à son tour.

Le pressing de Monaco a permis d’obtenir la première grosse occasion de la rencontre à la suite d’une bonne récupération, mais toutes n’ont pas été issues de ce type d’action, signe que Monaco n’est pas seulement une équipe de transition et qu’elle aime aussi œuvrer en attaque placées, ce qui lui faisait cruellement défaut la saison dernière sous Philippe Clement.

Fofana le déclencheur

Loin de son meilleur niveau en 2024, Youssouf Fofana a enfin répondu présent et accompli une très grosse prestation face au PSG. Il a au total récupéré 16 ballons dans cette partie, dont 15 après seulement 55 minutes de jeu. Selon Opta, c’est le plus gros total de ballons récupérés par un joueur de Monaco en Ligue 1 depuis Youssef Aït Bennasser contre Nîmes le 21 septembre 2018 (20) et le meilleur total pour un joueur tous clubs confondus dans un match face au Paris SG en L1 sous l’ère QSI.

Le fait qu’il ne récupère qu’un seul ballon dans la dernière demi-heure de la rencontre montre également la difficulté de l’ASM à tenir ce pressing haut qui a favorisé les pertes de balle des Parisiens. Monaco a reculé et subi et c’est à ce moment-là que les Parisiens ont pu imposer leur rythme et donc jouer avec plus de certitudes sur le plan technique.

Pour Monaco, tenir un pressing de la sorte nécessitait un engagement total de ses joueurs, tant sur le plan physique que technique, et l’international français a été au rendez-vous dans cet aspect. Il fallait aussi gérer les déclenchements, et c’est souvent lui qui en a été à l’origine, obtenant ainsi plusieurs récupérations précieuses.

Ici, Paris essaie de relancer mais une passe un peu imprécise vers Gonçalo Ramos permet à Fofana de déclencher le pressing.

Le ballon est repassé par Ugarte puis Lucas Hernandez. Fofana a poussé son pressing jusqu’aux abords de la surface parisienne. Grâce à cette action, il a totalement annihilé une sortie de balle du PSG et fait reculer le bloc adverse.

Le problème Ugarte

Paris a précipité ses relances dans les dix premières minutes, forcé par le pressing monégasque, avant de trouver un point d’appui naturel entre les lignes : Manuel Ugarte. Le milieu de terrain uruguayen du PSG, placé comme sentinelle dans le milieu à trois parisien, n’a pas eu de vis-à-vis en raison du dispositif monégasque (voir schéma). Les deux attaquants, Wissam Ben Yedder et Folarin Balogun, étaient portés plus naturellement sur les deux centraux parisiens et les deux milieux axiaux, Youssouf Fofana et Aleksandr Golovin, étaient eux occupés à coller les relayeurs de l’équipe d’en face, Vitinha et Soler.

La position libre d’Ugarte a été rapidement un problème pour les Monégasques, car lorsque les défenseurs parisiens ont vu la solution, celui-ci a rapidement eu du champ pour ressortir le ballon voire même progresser balle au pied. Deux situations (8e, 11e) ont donné l’alerte au staff monégasque, et la réponse a été immédiate, avec un Aleksandr Golovin qui est venu chasser plus haut l’Uruguayen et proposer le un contre un.

Golovin va immédiatement chercher Ugarte pour empêcher la relance parisienne. Il libère son marquage contre Soler et par compensation, c’est Minamino qui se rapproche de l’axe et garde un oeil sur le relayeur parisien.

Cela a également eu d’autres conséquences, puisque les milieux de côté, Minamino en particulier, ont dû faire d’avantage d’efforts pour compenser la montée de Golovin en se rapprochant de l’axe afin de se situer entre Soler et Hakimi. Des efforts également consentis par les attaquants, et notamment Wissam Ben Yedder, qui a pris du recul par rapport à Beraldo pour se positionner un peu plus près d’Ugarte sur les phases de relance du PSG.

Au lieu d’aller presser sur les centraux parisiens, Wissam Ben Yedder se positionne légèrement en retrait pour aller priver Paris d’une solution de relance avec Ugarte.

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