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Disasi : « Je ne voulais pas être un bourrin »

Le défenseur central de l’AS Monaco Axel Disasi s’est confié à L’Équipe, dans un entretien où il évoque son parcours et des aspects plus personnels de sa vie. Arrivé en Principauté à l’été 2020, il a pris une nouvelle dimension cette année alors que son avenir dans le football professionnel a tardé à se dessiner.

« Je voyais des coéquipiers partir en centre de formation à 13-14 ans, et moi je restais. Je suis entré en sport-études à 17-18 ans, au Paris FC, s’est remémoré l’ancien Rémois. Je suis arrivé un peu de nulle part. Dormir dans un centre de formation, je ne sais pas ce que c’est. Aller à l’école dans ce cadre, non plus. Moi, je connais le RER pour aller au lycée, rentrer et demander à mon petit frère qu’il soit à l’arrêt de bus pour lui donner mon sac d’école et qu’il me passe mes affaires de foot sans avoir à descendre du bus, pour gagner du temps… Je pense que ça donne un appétit différent, une vision différente. »

Disasi est évidemment passé par des périodes de doute, surtout à Reims, où l’aventure ne démarre pas comme espéré : « Je me disais que ça pouvait le faire, et ça redescendait ensuite… Quand le PFC est promu en L2 (en 2015), j’intègre le groupe pro, on descend et j’arrive à Reims où je dois signer stagiaire. Je ne comprends pas car j’étais avec les pros à Paris en L2, et là Reims vient de descendre en L2 et je me retrouve avec la réserve, le même point de départ qu’à Paris. » C’est finalement en 2017 qu’il signera son premier contrat professionnel même si rien n’est évident : « Les dirigeants ne m’expliquent rien, je suis livré à moi-même. Le coach (David Guion) ne veut pas me prêter en janvier alors que je ne joue pas. »

On me reprochait d’être tendre, trop gentil, un peu nounours

Pour s’imposer à Reims, le solide défenseur central s’était entouré d’un préparateur physique pour travailler son point fort : « Je me déplaçais mieux, je courais plus vite ». Doté d’un physique impressionnant, Disasi regrette cependant qu’on lui colle une étiquette de joueur sans technique : « On me reprochait d’être tendre, trop gentil, un peu nounours. J’ai essayé de travailler sur ça. Avec ma forte corpulence, on attendait de moi que j’arrache tout, et j’avais du mal à l’accepter. Ce n’est pas parce que tu es costaud que tu dois être un bourrin. Je ne veux pas qu’on dise ça de moi. Tu peux être agressif tout en restant très propre. » Puis d’ajouter apprécier de prendre des risques offensivement : « Ça m’arrive encore d’essayer à l’entraînement et d’être plutôt efficace d’ailleurs… On a souvent douté de ce que je pouvais faire. »

Disasi dévoile pourtant une personnalité bien plus sensible que ne laisse imaginer son physique de golgoth. Il se qualifie lui-même comme un « grand cinéphile » et avoue que le travail de comédien aurait pu lui plaire et le cours Florent le « brancher », après avoir souvent écumé les salles de cinéma à Reims pour « décompresser » et évacuer la frustration de ne pas jouer. Idem pour le piano : « Je me suis mis au piano la saison où je ne jouais pas à Reims. J’aimais la sonorité et il ne fallait pas que je pense au foot chez moi car ça m’énervait. Je sentais une injustice. »

Ses rêveries poétiques se font un peu plus rares, en raison du rythme soutenu du calendrier, mais tous ces voyages représentent pour lui une forme d’évasion : « J’aime ce rythme, les voyages, l’atmosphère d’un match en Hongrie ou en Turquie. Tu aimerais bien visiter mais tu regardes déjà comment les gens se comportent, les paysages sur la route du stade, tu parles aux arbitres et aux adversaires en anglais. La Coupe d’Europe, c’est aussi le plaisir de la découverte. »

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