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L’action clé : Golovin et le pénalty oublié

La rencontre entre Monaco et Nantes vendredi dernier a fait couler beaucoup d’encre, notamment pour des décisions arbitrales contestables. Dans le jeu, les débats n’ont pas vraiment eu lieu d’être tant l’ASM a dominé la rencontre. Mais dominer n’est pas gagner, comme le dit si bien l’adage, et les Rouge et Blanc l’ont expérimenté à leurs dépens. Ce n’est pas faute d’avoir tout tenté pour s’imposer.

3,75 contre 0,91. Il s’agissait des expected goals de la rencontre fournis par Opta. Près de 4 buts attendus pour Monaco contre moins d’un pour Nantes, avec un penalty dans le lot. Dans un scénario de match normal, l’ASM aurait dû ramener les trois points de son déplacement à La Beaujoire, mais c’est aussi ce qui fait le charme du football. En l’occurrence, Monaco a pu être victime de certaines décisions arbitrales. L’ouverture du score nantaise provient de ce pénalty obtenu par Simon sur une faute de Denis Zakaria. La faute n’est pas énorme, mais le geste est trop risqué de la part du milieu suisse de l’ASM, et pas suffisamment maîtrisé. Jérémie Pignard, l’arbitre de la rencontre, ne doute pas de sa décision lorsqu’il pointe le point de pénalty.

Même si l’on peut juger de la sévérité de l’arbitrage à ce moment du match, il apparaît alors incompréhensible que rien ne soit sifflé sur Aleksandr Golovin un peu avant le quart d’heure de jeu. De même, en fin de rencontre, une faute évidente de Singo aurait également dû être sanctionnée d’un pénalty. Les hypothèses sur une éventuelle volonté de compenser de la part de l’homme en noir sont allées ensuite bon train, toujours est-il qu’il s’agit de deux erreurs manifestes d’arbitrages. La première nous intéresse particulièrement, parce que c’est celle qui peut faire basculer la rencontre.

Sur les premières minutes de la rencontre, les Nantais ont exercé un pressing intense pour contrarier les sorties de balle monégasques. Avec succès, car c’est de là qu’est arrivé le premier pénalty nantais, occasionnant une certaine fébrilité, voire nervosité dans les rangs asémistes. Mais après l’ouverture du score, le pressing nantais devient un peu moins intense et Monaco reprend la main sur certaines phases de jeu. On est alors à la moitié d’une période où le rapport de force tend à s’équilibrer avant que la domination ne bascule totalement du côté de l’ASM.

Monaco exerce un pressing très haut, avec trois joueurs qui encerclent le porteur de balle Marcus Coco. Caio Henrique est devant le piston nantais qui n’a aucune solution libre sur laquelle jouer. Douglas Augsuto est entre Golovin et Ben Yedder et ne fait pas la course qui aurait pu permettre de trouver un relais au milieu et potentiellement sortir le ballon proprement. Les solutions au loin sont prises en un contre un par Magassa et Fofana. C’est quand même vers l’avant que Coco va tenter de jouer, préférant éloigner le ballon de son but. Malheureusement pour lui, Caio Henrique va contrer le ballon, qui va revenir dans les pieds de Ben Yedder.

La phase de possession s’inverse dans une position bien plus favorable pour Monaco. Coco toujours isolé au milieu des Monégasques, va presser seul sur Ben Yedder. Pas de prise à deux car Douglas Augusto reste assez passif tout en essayant de rester en place.

C’est comme se retrouver au milieu d’un toro pour Coco, qui doit faire un aller-retour entre Caio Henrique et Ben Yedder, sans espoir de récupérer le ballon. Caio tente immédiatement d’alerter Minamino dans la surface, qui voit Pallois se resserrer sur lui. Une option qui n’est pas forcément évidente, car un ballon aérien est forcément plus difficile à maîtriser et peut occasionner la perte de la possession sur le duel ou le second ballon.

Sur cette action, tout s’agence de façon idéale pour l’ASM. Minamino conserve un temps d’avance sur Pallois et peut aller négocier seul le ballon aérien de Caio. Sa déviation de la tête rebondit dans la surface et n’a pas vraiment de destinataire précis. Le bon appel de Golovin, qui a bien anticipé le jeu, lui permet d’arriver le premier sur le ballon. Pallois doit se retourner et est en retard, tandis que Douglas Augusto suit la course du Russe depuis le départ et s’ajuste en conséquence des déplacements de celui-ci.

Golovin contrôle et s’ouvre le chemin du but. C’est à ce moment-là que l’action litigieuse survient, lorsque Douglas Augusto enroule son bras droit autour de celui de Golovin puis passe sa main gauche pas dessus son épaule. Alors que le milieu de terrain tente de reprendre le ballon pendant que Pallois se jette pour tacler, la prise de Douglas Augusto déséquilibre Golovin, qui tombe. Une clé de bras qui aurait davantage sa place sur un tatami que sur le rectangle vert. Si ce geste a échappé à Jérémie Pignard, on se demande surtout comment il a pu être à ce point ignoré de la part de ses assistants vidéo.

Cela pourrait presque faire penser à la sortie devenue mythique de Thierry Henry un soir de janvier 2019, pour son dernier match sur le banc de l’ASM (défaite 1-5 contre Strasbourg), se plaignant d’un pénalty refusé à cause d’une panne de VAR. La formulation de l’hypothèse d’un dysfonctionnement de l’outil n’aurait rien d’invraisemblable, d’autant plus que cela s’est répété en fin de match, à la défaveur des Nantais cette fois.

L’absence de pénalty à cet instant du match, et alors qu’une occasion nette de but est annihilée, pourrait faire penser à cet autre passage de Thierry Henry lors de cette fameuse conférence de presse : « 2-1, effort surhumain pour nous pour revenir à 2-2. » Les hommes d’Adi Hütter ont couru après le score durant la quasi-totalité de la rencontre. Ils ont produit un effort considérable pour revenir à hauteur des Nantais, et plutôt que de se voir accorder une chance de revenir à 1-1, ils vont dans la foulée encaisser le but du break (2-0). Avec une égalisation sur pénalty et la supériorité évidente dans le jeu des Monégasques, il y a fort à parier que l’issue du match aurait probablement été bien différente.

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