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Coulibaly entre dans la danse

Si l’on vous dit une première chez les pros dans le temps additionnel d’un match de Coupe de France puis un remplacement au pied levé au milieu de terrain dans une rencontre de Ligue 1, vous pourriez immédiatement penser à Soungoutou Magassa. Comme son aîné en 2022, Mamadou Coulibaly, a suivi cette trajectoire en ce début d’année.

Le milieu de terrain de 19 ans est l’une des promesses de la formation monégasque. Il a fait sa première apparition chez les professionnels sur le terrain de Rodez, à l’occasion des 16es de finale de la Coupe de France (3-1, le 20 janvier), puis a joué plus d’une heure dimanche dernier lors de la défaite (1-2) contre Toulouse au Louis-II. Entré en jeu à la 25e minute pour pallier la blessure de Mohamed Camara, touché au genou gauche, il s’est positionné comme milieu relayeur droit dans le 4-3-2-1. Un vrai choix de la part d’Adi Hütter qui aurait pu faire rentrer Edan Diop (9 apparitions toutes compétitions confondues) mais dont les prestations décevantes au milieu pourraient avoir donné envie à l’Autrichien de voir autre chose.

Même si Hütter l’a félicité pour son entrée en jeu, il faut d’emblée dire que Coulibaly n’a pas réalisé une prestation du même acabit que celle de Magassa lorsqu’il avait joué 70 minutes contre Rennes dans une formation en infériorité numérique après l’expulsion de Youssouf Fofana (1-1, le 13 août 2022). Il y a certes des choses positives à retenir de son match mais l’ensemble a été globalement moyen et son apport plutôt maigre, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’il s’agissait de sa « vraie » première à négocier mais aussi par une performance collective qui s’est décousue au fil des minutes.

Impliqué sur le but et DES initiatives EN jeu long

L’équipe d’Adi Hütter a connu sa meilleure période au début du second acte. Après 45 premières minutes au ralenti, l’ASM a haussé le rythme dès le retour des vestiaires, pressée aussi par l’urgence de revenir au score, ce qu’elle va faire très rapidement. Dès la 48e minute de jeu, les Rouge et Blanc reviennent à hauteur grâce à une réalisation de Maghnes Akliouche, bien aidé par la maladresse un peu malchanceuse des défenseurs toulousains. Le but monégasque est parti d’une récupération de Denis Zakaria près de la ligne de touche et Mamadou Coulibaly a pu servir de relais pour Fofana, dont la passe vers Akliouche est véritablement clé.

Au duel avec deux Toulousains, Zakaria parvient à s’en sortir et passe le ballon à Coulibaly. Ni attaqué ni pressé, ce dernier fait le choix de s’orienter dos au but et pas dans le sens du jeu alors que c’était possible. Un choix qui peut se discuter mais qui lui permet tout de même de se tourner par la suite et de mettre sur son pied gauche.

Il trouve ensuite Fofana sur sa gauche, positionné entre deux Toulousains, qui va faire une vraie différence juste derrière.

S’il n’a pas souvent pris beaucoup de risques dans son jeu, on peut tout de même dénombrer six passes dans le dernier tiers du terrain, soit une de plus que Denis Zakaria (5) et l’une d’entre elles a notamment pu déclencher une occasion à la suite du but. Une autre lui a permis également de lancer Balogun dans la profondeur et d’amener une nouvelle situation. Il ne s’est globalement pas caché, avec 71 ballons touchés en 65 minutes de présence sur le terrain et a été plutôt propre dans ses transmissions (81% de passes réussies, 78% de passes réussies dans le dernier tiers).

Kehrer joue rapidement une touche entre deux adversaires et Coulibaly envoie soudainement en une touche une longue balle en profondeur en direction d’Akliouche. Une passe qui va mettre le milieu offensif dans une bonne position pour frapper et se procurer une nouvelle occasion.

La passe dans la course en direction de Balogun est bonne mais l’attaquant américain perdra du temps sur son contrôle trop en arrière.

Peu de projections avec ballon

Présenté plutôt comme un milieu polyvalent, au profil « box to box », capable également d’évoluer derrière un attaquant, on a pu rapidement se rendre compte qu’il n’avait pas la même fibre créatrice qu’un Maghnes Akliouche ou qu’un Eliesse Ben Seghir et que son profil pouvait davantage se rapprocher de celui d’un Youssouf Fofana. Si l’international français a été décevant sur cette partie, il a tout de même réussi quelques projections balle au pied et c’est un aspect du jeu qui a cruellement manqué à Mamadou Coulibaly, logiquement un peu sur la réserve dans l’optique de porter le ballon vers l’avant.

À la suite d’une mauvaise remise d’Akliouche, Monaco perd le ballon avant de le récupérer. Coulibaly va privilégier une talonnade un peu nonchalante pour rejouer avec Akliouche alors qu’un espace vers le poteau de corner semblait ouvert et aurait potentiellement pu le mettre en position de centre.

En revanche, on l’a régulièrement aperçu sprinter vers la surface adverse pour accompagner les attaques monégasques, ce qui lui a notamment permis de tenter sa chance au but d’une belle reprise de volée du gauche (31e).

Travailler la prise d’informations

Si le jeune milieu issu de l’Academy n’a pas commis de grosses erreurs dans cette partie, il a forcément connu du déchet, avec parfois certains gestes techniques tentés mais trop imprécis et surtout trop « faciles », qui tendent à démontrer surtout l’insouciance de ses 19 printemps. Dans son utilisation du ballon, il y a eu des maladresses mais c’est davantage sur la vision du jeu et la prise d’information qu’il doit progresser. Comme démontré sur le but, l’orientation de son corps indique que cette dernière est peut-être encore insuffisante. Ce n’était d’ailleurs pas le seul exemple dans ce match.

Monaco cherche à repartir proprement de l’arrière. Maripan est en possession du ballon et Coulibaly redescend pour lui proposer une solution de relance.

Coulibaly, s’oriente de trois quarts face au jeu, ce qui semble une bonne idée et lui permettrait potentiellement de se projeter rapidement voire d’ouvrir le jeu sur Kehrer sur sa droite. Le bloc toulousain est en train de coulisser, mais devant lui, Vincent Sierro n’a pas encore pu le cadrer ce qui laisse à Coulibaly un temps d’avance.

Malgré un positionnement du corps prometteur, le contrôle ne se fait pas dans la course et arrête totalement le mouvement amorcé, démontrant un manque d’anticipation du Monégasque sur cette séquence. Cette fois Sierro a cadré Coulibaly et la solution Kehrer devient risquée. Après un temps d’arrêt, Coulibaly sera contraint de rejouer derrière pour Maripan.

Jouer plus en conscience du positionnement des autres coéquipiers sera aussi un axe de progression pour le jeune Asémiste. Cette fois ce n’est pas sa propre façon de s’orienter qui est en cause mais sa façon de percevoir celle des autres. On pourra toutefois nuancer par le fait que sur les deux exemples, les coéquipiers de Coulibaly sont plutôt statiques et donnent peu de solutions nettes au porteur.

Fofana est la solution la plus proche de lui mais il lui tourne le dos, montrant donc dans un premier temps qu’il n’est pas disponible. Zakaria est un peu plus loin mais pas forcément sur ses appuis ni en demande, plutôt spectateur. Le long de la ligne de touche, Kehrer dédouble mais trop mollement pour donner une réelle solution.

Fofana va finalement se tourner dans sa direction et face au jeu pour montrer sa disponibilité. Cela se fait tardivement, mais Coulibaly peut encore faire ce choix. Il ne semble pourtant pas le remarquer et part sur une solution individuelle vouée à l’échec en tentant un passage en force entre les deux joueurs toulousains devant lui.

Un pressing intense mais peu discipliné

Si Mamadou Coulibaly s’est souvent projeté sans ballon pour accompagner les offensives de son équipe, il l’a aussi beaucoup fait pour aller presser l’adversaire. Dans cet aspect du jeu, il a fait preuve d’une grosse volonté et d’une belle intensité, appliquant bien la philosophie de jeu prônée par Hütter et qu’on a surtout vue en début de saison. Mais cette fougue juvénile s’est heurtée presque fatalement à une certaine naïveté et indiscipline. Coulibaly doit encore apprendre la patience et se canaliser.

Récupérer haut, forcer une relance ou un dégagement est généralement synonyme d’un pressing réussi mais se faire crocheter et éliminer démontre surtout que si le pressing peut-être agressif, il gagne à être plus efficace. C’est aussi ce qui a manqué au jeune joueur issu du centre de formation monégasque, qui s’est trop souvent précipité, voire même jeté et fait éliminer beaucoup trop facilement par ses vis-à-vis. Des situations qui se sont reproduites au moins cinq fois dans le match.

Mawissa vient de trouver le poteau après avoir décoché un missile mais le ballon revient dans les pieds toulousains. Mawissa le récupère et se fait presser mais voit son adversaire se jeter devant lui et un coup de reins suffit pour prendre ses distances et progresser avec le ballon.

Mawissa, véritable poison pour Coulibaly en seconde période, provoque une nouvelle fois. Le Monégasque se jette de nouveau aux pieds du défenseur toulousain mais cette fois parvient à dévier le ballon, ce qui donne une touche aux Toulousains. Pas de récupération et surtout une élimination évitée de justesse.

La prestation d’ensemble de Mamadou Coulibaly a été globalement moyenne sans non plus se révéler mauvaise. La probable absence de Camara pour les prochaines semaines et les entrées non convaincantes de Diop devraient lui permettre d’avoir de nouveau sa chance et il mériterait d’être revu. Pas forcément dans l’immédiat, alors que Monaco va jouer deux gros matches contre Lens et Paris, mais Hütter pourrait de nouveau faire appel à son profil équilibré. Pour autant, il n’a pas non plus montré une supériorité évidente dans son apport en comparaison d’Edan Diop, avec qui il jouera la place de n°3 dans la hiérarchie tant que Camara sera sur le flanc. Mais ce sera à lui de ne pas laisser passer sa chance.

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